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Vivre en poésie : Et si c’était ma voie ?

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« Mais tu as quel âge ? »

Telle fût la réponse agacée de ma mère lorsque je lui ai dit que j’allais tout quitter pour écrire de la poésie.

Chapitre 1 : Grandir

J’ai cru au père Noël … Jusqu’au matin où j’ai fait sortir mes frères de leur lit pour le surprendre au pied du sapin. Mes frères allaient pouvoir épater leurs amis et moi je voulais absolument leur montrer que la magie existait. J’étais très fière de mon idée et de si bien jouer mon rôle de grande soeur. Ce jour là, non seulement j’ai découvert que le père Noël, c’était mon oncle mais j’ai aussi su qu’une fois l’enfance partie, elle ne revenait jamais.

J’avais 5 ans.

Chapitre 2: Trouver sa place

Enfant introvertie et effacée , notes moyennes et certaines fois au hasard complètement excellentes, un jour j’entre dans la cour des grands.Quand je serai grande, je serai … C’est le devoir de français que j’ai eu en classe 6ème. Alors, j’y ai largement réfléchi et j’ai généré 300 ou plutôt 400 versions de cette dissertation. Au moment de rendre le devoir, j’ai demandé à mon enseignante si je pouvais donner plusieurs réponses. Elle m’a regardée d’un air moqueur.J’ai pris la feuille sur laquelle j’avais écrit: « écrire des histoires » et je l’ai jetée à la poubelle.

J’ai décidé de devenir ingénieure et de sauver le monde.

Chapitre 3: La poésie du coeur

Pourquoi les autres ne m’aiment pas ? Et lui pourquoi ne m’aime t’il pas ? Pourquoi je suis toujours toute seule ?C’est à ce moment que cette amie me parle de ma différence. Avec délicatesse, je comprends que je mets les autres mal à l’aise.Je pose trop de questions , tout le temps et puis je suis souvent dans la lune. Pourtant, j’essaie bien de me fondre, mais je ressemble à un caillou dans une soupe. C’est à dire que je suis triste mais que je ne fonds pas.Dans la tristesse, j’ai mon carnet et dans mon carnet il y a de la poésie.

J’écris des petits mots:

Il y’avait un oiseau, il était très beau

Il a pris mes mots, puis a fait le grand saut

Je suis restée à le regarder d’en haut,

Tandis qu’il les jetait dans le petit ruisseau.

Ce fût l’un de mes premiers poèmes. Il y’en a eu un à chaque mauvais regard, à chaque blessure de coeur, à chaque échec. De tout ça, il y’en a eu beaucoup. Et avec tout ça, j’ai bientôt eu une tonne d’amis carnets.

Chapitre 4: Qu’en dira Josette ?

Qui peut te juger si personne ne te connaît ? Je suis devenue une adulte.. . J’ai fait de grandes études et je travaille dans une grande entreprise. Chaque jour je me mets sur mon 31 et je vais « pitcher » mes grandes idées. Parce que oui je suis devenue ingénieure , je fais de l’informatique et j’en suis sûre je suis la prochaine Bill Gates. On range les incertitudes dans un placard, les femmes fortes et indépendantes, ça ne pleure pas. Et ça n’écrit pas de la poésie à l’eau de rose d’ailleurs. Je vous l’ai dit, je suis la prochaine Bill Gates, et Bill Gates , il ne pleure pas ses déceptions dans un carnet avec des fleurs dessinées à la main.

Comme on dit en société, chacun vient avec son masque. J’ai créé le mien, sa perfection est telle que j’en souris. Une belle vie d’artiste comédienne m’attend.

Chapitre 5: Chasser le naturel, il revient … vous pisser au visage

Il y a eu ce jour où je me suis levée… Comme tous les autres jours. J’ai assisté à cette réunion … Comme tous les autres jours.Et je me suis soudainement demandée ce que je faisais là … J’ai eu l’impression de vivre ces fameux épisodes de mort imminente et que d’un coup la voix de mon chef était une faucheuse au dessus de ma tête. « Noooon » ai-je crié. Et là tout le monde m’a fixée. Je me suis levée et j’ai annoncé que je démissionnais. Je suis sortie et je ne suis plus jamais retournée là bas. Du moins dans ma tête.En réalité, je suis restée sagement assise à ma place, et j’ai même applaudi à la fin du discours. Cependant, le doute s’était inséré dans mon coeur.

J’ai commencé à entendre des voix…  » Es tu sûre d’être à ta place ? ». Le genre de voix qui te rappelle ton meilleur prof de philosophie. Au secours.

Chapitre 6: Fuis moi, je te suis

Je ne sais pas pour toi mais en grandissant je me suis mise à éviter les grandes questions. Notamment, celle qui me hante depuis que j’ai l’âge de penser : le sens de la vie. Plus j’ai essayé de fuir cette question, plus elle est revenue me rendre visite. Un peu trop souvent à mon goût.Puis, je me suis mise à avoir peur de l’avenir… Une peur viscérale. J’avais un mal de ventre affreux tous les matins et une anxiété aigüe à imaginer mes quarante prochaines années. J’avais pourtant tout l’avenir devant moi et il semblait bien commencé.

Et puis j’avais toujours la poésie et les poètes, tout allait bien. J’ai donc laissé couler, jusqu’au jour de l’accident.

Chapitre 7: La fissure

On croit toujours aller bien, jusqu’au jour où tout explose en éclats de verres. Si j’avais écouté les signaux, j’aurais su qu’il était temps pour moi d’accepter un peu de changement. Que ce n’était pas forcément néfaste. J’ai choisi de m’entêter, de continuer à travailler pour ne pas penser et mon masque a commencé à se fissurer. La fatigue, l’émotivité exacerbée , les disputes , les bêtises … Plus ça allait, moins ça allait. Je n’en pouvais plus, mais je ne voulais pas répondre à une question: « Qu’est ce que je veux faire de ma vie ? ». Le gouffre que représentait cette question était impossible à gérer. Puis, un matin, il y’a eu l’accident.

Mes parents ont été cambriolé et l’un de mes frères a disparu de la circulation.Je n’ai jamais été aussi désespérée de ma vie. Aussi impuissante et triste. Le peu de confiance en moi que j’essayais de réunir a disparu. Je me suis rendue compte que j’étais pitoyable. Je ne savais rien faire et je ne pouvais rien faire.

Pendant ces moments-là et tous ceux qui ont suivi, j’ai écrit de la poésie, j’en ai lu. Tous les jours. Et j’ai eu l’impression de ne plus être seule et que tous les poètes qui savaient si bien raconter ma douleur m’accompagnaient.

Chapitre 8: Vivre ma vie en poésie

Deux semaines avant Noël, mon frère est réapparu. Après plus de 6 mois sans nouvelles… Je ne l’ai dit à personne mais j’ai remercié le Père Noël . Et j’ai aussi recommencé à croire en la magie même si au fond, j’y ai toujours cru. Qu’est ce que je veux faire de ma vie ? C’est une question très large et j’ai décidé de ne pas essayer de trouver la réponse toute seule.

Je crois que la poésie est un langage universel qui permet d’exprimer ses émotions plus sincèrement que dans la vie quotidienne.

Chapitre 9: La poésie facile

Il y a quelques mois, j’ai franchi le pas et quitté mon emploi et ma sécurité. J’ai aussi décidé d’ouvrir ce blog. Est ce une erreur ? L’avenir nous le dira. Je ne sais toujours pas où se trouve ma place. Mais quoiqu’il en soit, j’aime la poésie et quoiqu’il arrive je continuerai d’en écrire.Dans ce blog, je souhaite documenter mon apprentissage de façon ludique, mes analyses d’auteur et si tu souhaites me lire, je posterai également mes poèmes. L’enfance, une fois passée ne revient plus jamais. Mais il n’est jamais trop tard pour suivre ses rêves, tu ne crois pas ? D’une certaine façon, avoir peur et être libre résonnent ensemble. C’est un peu comme marcher dans le vide.

Maintenant j’aimerai savoir … Et toi ? Pourquoi écris tu de la poésie ?

Si tu aimes mon histoire, n’hésite pas me raconter la tienne dans les commentaires, je me sentirai moins seule.

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4 commentaires sur « Vivre en poésie : Et si c’était ma voie ? »

  1. Ton message me touche, me « parle », raisonne en moi…. J’en ai des frissons et la chair de poule …Merci infiniment pour ces mots qui viennent du coeur, et d’un espace où l’on s’aventure trop peu souvent

    1. Merci beaucoup Agnès pour ton commentaire, je suis très touchée 🙂 . Ce n’est pas facile de se livrer mais je suis très contente de savoir que cela te parle. A très bientôt j’espère.

  2. Merci Inès pour ce beau témoignage. Il est la preuve de ton courage et de ton honnêteté. Il en faut beaucoup pour abandonner le confort et la sécurité que représente un bon travail. Tu te demandes où est ta place. Je pense qu’elle est là, ici et maintenant, sur ce blog. Il n’y a pas de bonne place, car la vie est un éternel mouvement. La bonne place consiste à être sur le bon chemin. Et tu es sur le bon chemin, j’en suis certain, car tu as écouté ce que te soufflait ton cœur, c.a.d. écrire de la poésie. La poésie t’a sauvée quand tu te sentais perdue, elle t’a fait de l’œil, elle t’a réconciliée avec toi même. Je pense que tu peux être fière d’avoir eu le courage de prendre cette décision. J’ai même l’impression qu’elle s’est plus ou moins imposée à toi. C’est pourquoi je suis certain que tu es sur la bonne trajectoire, celle qui est tracée pour toi, celle qui te permettra de te réaliser.
    Tu me demandes pourquoi j’écris de la poésie. En fait, ce n’est pas vraiment une décision. Quand j’étais adolescent, je me sentais souvent très seul, différent, j’avais peu d’amis, je me sentais incompris. J’ai commencé à écrire des poèmes car ça me libérait, mettre des mots sur mon mal être était comme une thérapie. Mais c’était totalement inconscient, ça venait tout seul. Quand aujourd’hui je relis ce que j’écrivais quand j’avais 12 ans, j’ai un peu honte. J’étais très égocentrique, je ne parlais que de ma souffrance, de ma solitude, de mon besoin d’amour inassouvi. Puis en grandissant je me suis intéressé un peu a l’écriture, aux livres, ils ont longtemps été un remède à ma solitude. Toute ma vie j’ai écris des petit poèmes, mais je ne les ai pas gardés. Il y a très peu de temps qu’un ami m’a fait comprendre que mes poèmes pouvaient aussi aider les autres. J’ai commencé à en publier sur Facebook, et j’ai reçu quelques remerciement qui m’ont fait chaud au cœur. Puis je me suis inscris dans ce club de poètes qui m’a permis de faire ta connaissance, et d’écrire aujourd’hui sur ton blog. Voilà, tu sais tout…
    Aïe confiance en toi, sois certaine que tu es dans le parfait accomplissement de ce que tu es censée faire. C’est la chose la plus importante que je puisse te dire. Tu es sur ton beau chemin, sois en certaine, et je te dis bravo pour ça…

    1. Merci beaucoup Bruno, c’est un plaisir d’avoir fait ta connaissance. Je crois que la poésie guérit , elle apaise et elle permet de partager sincèrement avec les autres. Elle peut (doit) être portée sur soi même quand elle est à visée thérapeutique et elle n’en devient que plus incroyable quand elle permet au lecteur de se retrouver dans nos écrits et de se sentir moins seul et plus compris. C’est agréable de voir à quel point une activité à la base si solitaire peut être aussi universelle. En tout cas, je sais maintenant que ma place est là où je peux partager avec les autres car c’est un vrai plaisir de créer des connexions authentiques. Pour moi c’est ça se réaliser. Merci encore à toi et ma foi … Vive la poésie.

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